La thyroïdite de Hashimoto s'accompagne de divers troubles que l'on peut corriger en partie par l'alimentation. Voici comment cette dernière peut soutenir les traitements de cette maladie auto-immune.
Notre expert : le Dr Benoît Claeys, auteur d'En finir avec la thyroïdite de Hashimoto.
Souvent mal diagnostiquée, la thyroïdite de Hashimoto est une maladie auto-immune fréquente dans laquelle la cible du système immunitaire est la glande thyroïde. Les anticorps se retournent contre des éléments essentiels permettant la production des hormones thyroïdiennes. Résultat : des troubles divers qui altèrent la qualité de vie des personnes en souffrant. Parmi eux, on compte une augmentation de la perméabilité intestinale, due à une sensibilité accrue au gluten, qui entraîne un certain nombre de troubles comme une inflammation chronique. C'est sur ces points surtout que l'alimentation va aider les personnes souffrant de thyroïdite.
« Jusqu’en 2015, on considérait que l’alimentation jouait un rôle accessoire et négligeable dans l’hypothyroïdie. Depuis, on sait que l’on peut améliorer fortement l’état d’une personne hypothyroïdienne en adaptant son alimentation. C’est surtout vrai pour la maladie de Hashimoto » explique le Dr Benoît Claeys, l'auteur d'En finir avec la thyroïdite de Hashimoto.
Voici les principales règles diététiques à suivre pour améliorer sa qualité de vie.
Règle n°1 : équilibrer les matières grasses
Pour diminuer l’inflammation, le rapport entre les acides gras polyinsaturés oméga-6/oméga-3 doit être bien équilibré, le rapport idéal allant de 1 pour 1 à 4 pour 1 au maximum. Cependant, l’alimentation moderne privilégie les acides gras oméga-6, ce qui favorise l’inflammation dans l’organisme.
"Pour s’assurer du bon équilibre des acides gras, dit le Dr Claeys, il faut consommer quotidiennement des huiles riches en oméga-3 comme les huiles de colza, cameline, lin, de préférence vierges et bio, ainsi que des noix ou des graines de lin. L’apport en oméga-3 via les petits poissons gras (contenant moins de polluants) doit se faire 1 à 2 fois par semaine. Pour réduire les oméga-6, il faudra éviter les huiles de tournesol, maïs, pépins de raisin, les aliments ultra-transformés du commerce et les viandes dont les animaux ont été nourris au maïs ou au soja."
Règle n°2 : choisir des glucides de qualité
La consommation excessive de sucre et de glucides raffinés entraîne un état inflammatoire dans le corps, via une prise de poids, une hyperperméabilité intestinale et une augmentation des produits de glycation avancés (AGE). "De plus, dit le Dr Claeys, cette consommation entraîne un épuisement des hormones thyroïdiennes, notamment l'hormone T3 qui est chargée de la transformation du sucre en graisses quand il est ingéré en excès."
Comment choisir les bons glucides ? En utilisant l'index glycémique (IG), l'outil qui détermine la qualité d'un aliment glucidique. Cet indice compris entre 1 et 100 permet d'évaluer la vitesse d'absorption des glucides par l'organisme. Plus l'IG d'un aliment est bas, plus ses glucides sont de bonne qualité et moins il a d'effet sur le taux de sucre sanguin. Pour éviter l'inflammation, il faut donc privilégier les IG bas ou modérés (IG <50 et IG <70). Cela signifie par exemple préférer le pain complet au levain à la baguette blanche, le riz basmati au riz classique, les lentilles aux pommes de terre.
Règle n°3 : consommer des fibres à volonté
Pour prévenir l’inflammation, l’apport en fibres est également essentiel. Les fibres nourrissent les bactéries de la flore intestinale, qui sont importantes pour lutter contre l’inflammation notamment via la production d’acides gras à chaîne courte.
Pour s’assurer d’un bon apport en fibres, les légumes doivent représenter la moitié de l’assiette durant les repas, les légumes secs doivent remplacer la part de produits carnés au moins un repas sur deux. Pour les fruits frais et les fruits oléagineux, mieux vaut les consommer en collation.
"Il faut augmenter progressivement la teneur en fibres de l’assiette afin d’éviter des effets désagréables mais aussi être attentif à une possible intolérance aux fibres", indique le Dr Claeys. Certaines d’entre elles, les FODMAPs, entraînent des troubles digestifs importants en cas d’intolérance.
Règle n°4 : dépister les hypersensibilités alimentaires et éviter les aliments incriminés
Comme beaucoup de maladies auto-immunes, la thyroïdite de Hashimoto semble soit favoriser, soit être favorisée par des intolérances alimentaires : gluten, lactose, etc", dit le Dr Claeys. Ces intolérances alimentaires favorisent aussi l'inflammation.
En évitant les aliments auxquels ils ont une sensibilité accrue, les patients peuvent améliorer leurs symptômes. Ainsi, selon une étude menée sur plus de 2000 personnes, un régime fondé sur les résultats de tests d’hypersensibilité alimentaire aurait amélioré les symptômes de 62 % des personnes l’ayant suivi et aurait réduit les anticorps AT chez 43 % d’entre eux. (1) Cependant, les résultats de ces tests doivent être interprétés avec précaution car ils peuvent conduire à éliminer de nombreux aliments qui concourent à l'équilibre nutritionnel.
Le lien entre thyroïdite de Hashimoto et hypersensibilité au gluten est encore controversé, les études ne donnant pas de résultat convergent. Le Dr Claeys prescrit une éviction du gluten aux patients qui ne parviennent pas à se débarrasser de leur fatigue. En effet, « ce sont deux troubles qui résultent d’un dysfonctionnement du système immunitaire » note le Dr Claeys. « Il est logique de mettre notre système immunitaire au repos en supprimant ou en limitant le gluten. » ajoute-t-il.
Le lactose des produits laitiers peut lui aussi faire l’objet d'une hypersensibilité alimentaire aggravant la maladie, mais ce n'est pas le seul constituant des produits laitiers de vache qui peut poser problème. En cas d'hyperperméabilité intestinale, les protéines laitières peuvent favoriser chez certains des réactions inflammatoires. En effet, la porosité de la paroi intestinale laisse passer certaines protéines qui se retrouvent dans la circulation sanguine et pourront être ciblées par le système immunitaire.
Attention, les protéines de lait de vache (caséine, albumine...) sont souvent utilisées comme agents cosmétiques et économiques (ACE) par les industriels dans les produits ultra-transformés. Lire la composition de ces derniers est donc crucial et les éviter au maximum reste une bonne idée.
D’autres hypersensibilités alimentaires ont été mises en cause de manière sporadique dans la thyroïdite de Hashimoto comme le soja... Les tests étant onéreux, il est possible d'éviter pendant 3 semaines un aliment soupçonner de causer une hypersensibilité. Si l'éviction d'un de ces aliments améliore les symptômes au bout de ce laps de temps, il existe potentiellement une sensibilité à cet aliment.
Règle n°5 : se protéger des polluants alimentaires
Les multiples sources de pollution affectent le système endocrinien, c’est-à-dire le fonctionnement des hormones. Or les hormones sont malmenées en cas de thyroïdite, en particulier les hormones thyroïdiennes. Il est possible de réduire son exposition aux polluants, notamment aux perturbateurs endocriniens (PCB, dioxine, certains pesticides) et autres particules toxiques présentes dans notre environnement.
Voici quelques conseils pratiques du Dr Claeys pour se protéger :
Éviter les aliments emballés dans du plastique et du carton
Choisir des contenants et des ustensiles en verre, en métal, en silicone ou en céramique
Privilégier les aliments issus de l’agriculture biologique
Préférer les petits poissons gras 1 à 2 fois par semaine (sardines, maquereaux, harengs) aux gros poissons qui contiennent de nombreux polluants dont des métaux lourds
Choisir des cosmétiques sans parabènes, triclosan et filtres ultraviolets
Pour plus de conseils alimentaires à suivre en cas de maladie de Hashimoto, lire En finir avec la thyroïdite de Hashimoto du Dr Benoît Claeys
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