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Photo du rédacteursandrine gourdy

RÔLE DES ÉMOTIONS : TRISTESSE ET MANQUE AFFECTIF

Érigée en art de vivre par les amateurs de spleen, méprisée comme une faiblesse intolérable par d’autres, la tristesse est comme toutes les émotions : mal connue, mal perçue, et elle est le signal d’un besoin mis à mal par la perte ou le manque : ici le besoin de sens et de nourriture affective.


La tristesse et l’absence

Nous éprouvons de la tristesse quand nous sommes privés de quelque chose ou quelqu’un qui a de l’importance à nos yeux. Quelle qu’en soit l’origine, perte, séparation, non-obtention, changement difficile, l’ampleur de la tristesse dépend directement de la valeur que nous accordons à son objet. Notre sensibilité à l’absence est révélatrice du déficit affectif qui la suscite. Car c’est bien du lien (et donc du manque) affectif dont il s’agit ici et dont la perte nous donne aussi un sentiment d’absurdité. La tristesse est comme une sorte d’instrument de mesure intégré de nos besoins et manques affectifs. Elle peut d’ailleurs intervenir de façon plus ou moins directe et parfois sans lien apparent avec la situation. Ainsi pouvait-on lire sur feu le site Redpsy, qu’une gentillesse peut faire ressortir chez le destinataire : “toute la tristesse accumulée durant une longue privation.”

S’autoriser la tristesse

La tristesse est une émotion simple à comprendre, et plus compliquée à admettre et à traiter. En effet, c’est l’une des émotions que nous cachons ou nions le plus volontiers, par pudeur ou par peur du jugement.

Commençons par accepter qu’il est légitime d’être triste quand nous sommes privés de quelque chose ou quelqu’un qui a beaucoup de valeur à nos yeux :

  • Émotions : le droit à la tristesse

Faisons preuve de compassion envers nous-même, comme nous le ferions envers une personne qui vivrai la même expérience, et du coup, parlons-nous avec bienveillance, comme on voudrait qu’on nous parle.

Ceux qui, par peur de montrer leur vulnérabilité, préfèrent étouffer leur tristesse risquent de tomber dans la colère à la place. De plus, une tristesse non acceptée face peut mener à une peur chronique de se retrouver dans une situation similaire qui débouche ensuite sur un évitement pur et simple. Ainsi après une séparation, certaines personnes ont tellement peur de souffrir à nouveau qu’elles ne parviennent plus à s’engager.

Laisser libre cours à des larmes réparatrices peut être bénéfique : on se sent mieux après un gros chagrin et il est plus facile alors de prendre du recul face à la situation.

Apparemment, on pleure le plus souvent tout seul dans son coin, pour les raisons énoncées un peu plus haut. Et pourtant, pleurer est la réaction émotionnelle qui déclenche le plus facilement l’empathie et la bienveillance. Les larmes permettent de recevoir de l’affection de l’extérieur et hop! On a commencé à combler le manque affectif.

De même, en parler peut faire du bien, permettre de mettre un peu d’ordre dans ses idées etc.

A ceux d’entre nous qui sont facilement mal à l’aise face aux larmes ou a la tristesse des autres, mais aussi à tous ceux qui se retrouvent face à la tristesse de quelqu’un, il suffit de l’accueillir, parfois physiquement -à bras ouverts, quoi- et d’écouter sans jugement ni conseil (déjà qu’ils sont à éviter en temps normal, mais alors là, c’est vraiment pas le moment!).

Abattement, découragement, morosité, mélancolie, chagrin etc. la tristesse peut prendre de multiples formes selon la personnalité, les circonstances et l’environnement.

Comment votre tristesse s’exprime-t-elle? Comment allez-vous vous y prendre pour vous laisser aller à votre tristesse, quand une perte, absence ou privation la déclenche? Quelle expression de la tristesse fonctionne le mieux, pour vous?

Tristesse et manque de sens

La tristesse et le sentiment de démotivation, d’à-quoi-bon, de fatigue peuvent aussi être lié au manque de sens, de sentiment d’utilité ou d’absurdité qui sont malheureusement devenus le lot de plus en plus de travailleurs, en particulier salariés.

Cette tristesse attire alors l’attention vers l’importance de mener des actions concrètes destinées à renouer avec le sentiment de sens et de contribution au travail. Ces actions s’inscrivent dans le cadre du job crafting et peuvent être de l’ordre de la perception du travail, des appétences, des relations ou des conditions de travail et qui peuvent aller jusqu’à envisager une reconversion.


Tromper (un peu) le manque affectif par l’action significative


Quelque soit l’objet de la privation, il est parfois impossible d’agir sur son absence. Ainsi on ne peut remplacer une personne perdue et il serait sans doute malvenu de tenter de le faire. On peut en revanche combler une partie du besoin affectif qui en résulte de bien des manières par la présence réconfortante de personnes qui nous sont chères, par les vitamines mentales (si on est en mesure de le faire), des activités ou des projets significatifs dans lesquels nous nous sentons impliqués, importants, utiles etc., par

Quelles nourritures affectives vous sont importantes, utiles, agréables? Comment pouvez-vous en mettre davantage dans votre quotidien, pendant cette période difficile?

  • Vitamines mentales : besoin de réconfort ?



Accueillir la tristesse

Reconnaître et accueillir la tristesse d’autrui, sans jugement et sans conseils non sollicités et vides de sens est une jolie marque d’élégance relationnelle qui offre à l’autre ce dont il/elle a beaucoup besoin pour traverser l’épisode douloureux(par exemple dans le cas de la perte d’un proche) ou trouver l’énergie pour passer à l’action (dans le cas d’une perte de sens au travail). C’est tout l’art de l’écoute simplement attentive, qui propose une bulle de simple chaleur humaine:

  • Elégance relationnelle: l’écoute simplement attentive



Travail de deuil

Selon l’ampleur de la perte perçue, il peut aussi être utile de faire un véritable travail de deuil. Rappelons qu’il n’y a pas d’échelle objective de la souffrance, le degré de tristesse est totalement subjectif et ne se juge pas. Si la fréquence, la durée et l’intensité de la tristesse sont excessives, elle pourrait être le signe d’un état dépressif et/ou nécessiter un accompagnement psychologique.


Source: www.ithaquecoaching.com/

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