Les 3 types de peurs que nous pouvons utiliser pour nous transformer et nous émanciper
Thomas d’Ansembourg écrit que nous ne pouvons pas faire l’économie de la peur dans nos vies (ni de la colère d’ailleurs !). Il propose de définir 3 types de peurs afin de pouvoir les dépasser en nous mettant à l’écoute de notre élan vital :
1. la peur circonstancielle
2. la peur essentielle
3. la peur existentielle
1.La peur circonstancielle
Thomas d’Ansembourg l’appelle peur réactionnelle : c’est une réaction à une circonstance précise (par exemple peur de l’orage qui gronde ou du chien qui jappe).
2.La peur essentielle
La peur essentielle est aussi une peur réactionnelle sans que la circonstance qui l’active soit forcément précise. Nous y trouvons la plupart de nos complexes et de nos traumatismes personnels liés à notre parcours dans notre milieu et notre éducation : peur de l’abandon, peur du rejet, peur de ne pas être aimé, peur de la foule, peur de l’insécurité matérielle ou affective…
3.La peur existentielle
La peur existentielle est liée à notre condition d’être humain (quels que soient notre éducation ou notre milieu socioculturel). Thomas d’Ansembourg explique que cette peur est liée à un besoin vital non satisfait : le besoin de fond (ou élan vital) de trouver un sens, d’appartenir et de contribuer à l’Univers dans lequel nous nous trouvons, de trouver et de déployer notre propre élan créateur, de nous sentir pleinement vivants et présents.
Thomas d’Ansembourg développe beaucoup ce troisième type de peur car il estime qu’elle est rarement comprise et prise en compte par les personnes en souffrance et qui souhaitent se développer personnellement.
Je sais, pour en avoir fait l’expérience moi-même, que nous ne nous transformerons pas en profondeur et durablement si nous nous contentons de comprendre techniquement nos difficultés après les avoir soigneusement analysées. Nous nous transformerons en profondeur et durablement en entrant de plus en plus dans l’amour du processus vivant qui nous habite et nous promeut. – T. d’Ansembourg
Nous serions en manque (et en nostalgie) d’une communion plus profonde et plus constante avec ce que poètes, peintres, philosophes, mystiques, sages et croyants de toute confession appellent le Tout, la Plénitude ou l’Amour infini.
La peur existentielle découle de cette nostalgie de la plénitude que nous avons connu avant notre naissance. Thomas d’Ansembourg en liste quelque unes :
peur de la solitude et de la séparation (d’avec la Plénitude ou le Tout)
peur de l’abandon (de ne plus être intégré dans le Tout)
peur de s’individualiser (resterai-je en lien avec le Tout et toute chose vivante si je m’individualise ?)
peur de se dissoudre et se disperser dans l’univers (garderai-je l’intensité de mon appartenance et de ma participation au Tout si j’entre dans ce monde concret, matériel et visible ?)
Comment faire de nos peurs une force ?
Quand on devient plus familier avec ces peurs existentielles (qu’on les nomme, qu’on accepte d’y réfléchir, qu’on apprend à les reconnaître), ces dernières nous font moins peur ! Or cet accueil de nos peurs fait peur car nous préférons les ignorer pour nous rassurer et nous sentir en sécurité.
La peur vient nous faire des mises en garde, elle nous invite à la vigilance dans l’action, pas à la tétanie ni à la prostration. La peur est notre chien de garde, notre sentinelle. Si nous avons peur de notre chien de garde, alors nous ne sommes plus maîtres chez nous, nous ne nous habitons plus, nous sommes en territoire occupé, habité par la peur. […] Nous sommes alors habités par notre peur au lieu de cohabiter avec elle.
– T. d’Ansembourg
Si nous voulons connaître un “profond contentement” de notre être, une “qualité d’être” plus grande et plus nourrissante, nous devons accepter de mettre en cause nos compensations, nos croyances limitantes, et de les lâcher.
Derrière une peur circonstancielle (qui a sa réalité et ses fondements), il y a souvent une peur essentielle. Et derrière une peur essentielle, il y a souvent une peur existentielle (accueillir la plénitude de la vie sans la remplir de choses à faire. Découvrir cette peur existentielle passe par un moment d’inconfort :
est-ce que j’ai ma place sur cette Terre ?
est-ce que je peux considérer que je n’y suis pas par hasard, donc oser occuper cette place et m’installer vraiment dans cette vie ?
est-ce que je peux croire que j’appartiens à un univers cohérent, soutenant et bienveillant, que ma vie y a un sens au-delà du désordre que j’ai connu ?
En intégrant puis en dépassant la compréhension psychologique ou psychoaffective, en réalisant que nos peurs ont également trait à notre nature humaine, et que cet aspect est indépendant des scénarios d’enfance, d’éducation et de famille, nous prenons en main ce qui nous appartient, nous gagnons en conscience, donc en possibilité de liberté et de responsabilité. – T. d’Ansembourg
Thomas d’Ansembourg nous invite à découvrir successivement nos 3 types de peurs afin de les apprivoiser et de les côtoyer pour cheminer vers une émancipation profonde. Plus nos reconnaissons nos peurs, plus nous sommes amenés à nous rapprocher de notre plénitude perdue, moins il y a de nostalgie de cette plénitude, plus il y a l’ardent désir d’avancer et de traverser les obstacles.
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Source : Être heureux ce n’est pas nécessairement confortable – Trouver le bonheur et non ce que l’on croit être le bonheur de Thomas d’Ansembourg. Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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